je suis à Shanghai... eh eh, ça le fait quand même ;)

Du coup, il vous faudra sûrement attendre mon retour pour tout savoir sur mon périple dans la ville la plus occidentale de Chine... mais aussi la Grande Muraille sous la neige, le dîner de scorpions, le train à très grande vitesse ou quelques histoires croustillantes sur la Chinese Way of Life... j'ai de quoi tenir jusqu'à la fin de l'année facile :)

J'ai l'honneur de vous présenter ma "dianreshuidai" (diennejechouèyedaye, s'il vous venait l'envie de le prononcer)... Moi je suis déjà totalement accro.

Mais késako??

Dans le nord de la Chine, (dont Pékin fait partie, pour les nuls en géographie), c'est le gouvernement qui décide de la date à partir de laquelle le chauffage central peut être allumé. Dans le sud, ils se démerdent, y'a pas d'obligation de chauffage central.

Normalement, sauf événement exceptionnel (par exemple chutes de neige un 1er novembre comme en 2009...), le chauffage est allumé aux alentours du 15 novembre. Super, sauf qu'ici ça caille un max depuis une semaine, la nuit on frôle déjà le zéro... du coup pour les Chinois, qui aiment encore moins le froid que moi, c'est la période maudite où il fait froid dehors ET dedans. Qu'à cela ne tienne, l'industrie chinoise vole au secours du peuple transi, en produisant à bas prix des bouillottes électriques tip top. J'ai payé la mienne le prix faramineux de 23 kuais (soit environ 2,50€), et non, vous n'êtes pas obligé de la prendre en tissu Barbie impératrice de Chine, le choix des formes et des imprimés étant assez confusionnant. Le principe de fonctionnement est simple: tu branches, t'attends que le voyant lumineux s'éteigne, et tu peux alors te caler au chaud toute la soirée devant les débilités de la CCTV. Hen you yisiiiii.

NB: nan, je ne peux pas vous ramener masivement de ces petites merveilles, désolée... c'est super lourd, et j'ai réalisé qu'après que comme c'était de la flotte à l'intérieur, pas moyen de transporter ça dans mon bagage à main...

Le vélo électrique c'est bien. Le vélo électrique biplace, c'est mieux.

Ce truc, c'est la super mode ici!
Et cette marque là étant officiellement représentée par Jay Choupinet, forcément, j'ai craqué...

Et c'est reparti pour un tour dans les monuments de Pékin! Samedi, c'était donc journée Cité Interdite. Le temps n'était pas terrible terrible, gris et très frais... par contre la fréquentation était terrible, terrible... à croire que tous les tour operators de Chine avaient eu des entrées gratuites pour ce jour là!

Construite en seulement 15 ans, la Cité Interdite est restée la résidence des empereurs de Chine depuis son "inauguration" en 1620 jusqu'à l'éviction du dernier empereur en 1924. Entourée d'un mur fortifié de 8m de haut et de douves de plus de 50m de large, elle tire son nom du fait que personne n'avait le droit d'y entrer ou d'en sortir sans l'autorisation de l'empereur. Couvrant 72 hectares, comptant presque 1000 bâtiments, c'est en fait un gros rectangle d'environ 950m sur 750m, ce qui en fait tout de même le plus grand palais au monde.

Lors de sa construction, la Cité Interdite a été créée pour être le centre de Pékin, en plein milieu de ce qui était alors la Cité Impériale fortifiée. De ce fait, la plupart des monuments à Pékin se trouve aux alentours, les sites impériaux étant généralement implantés dans ce que l'on appelle "l'axe nord-sud". Et encore aujourd'hui, elle reste, avec la place Tian An Men qui lui fait face, le coeur de la ville: c'est par rapport à la Cité Interdite que l'on définit le nord/sud/est/ouest de Pékin, les périphériques ont été créés en cercles concentriques autour de la Cité, et la plupart des ministères et autres bâtiments d'état sont à quelques pas de ce centre. En même temps, vu la surface, il faut avouer qu'elle est quand même difficile à ignorer.

Conformément aux règles basiques du fengshui, la Cité Interdite est orientée plein sud. La visite se fait en général en arrivant par le sud, comme l'ont fait jadis des dizaines de milliers de Chinois venus voir l'empereur... On passe d'abord par trois imposantes portes fortifiées aux murailles de plus de 35 m de haut, qui alternent avec d'immenses cours intérieures. Une fois la dernière  porte passée, on entre enfin dans la Cité Interdite à proprement parler, avec les premiers bâtiments où l'empereur donnait audience.

Plus on avance vers le nord, plus l'on progresse vers les appartements privés de l'empereur, et plus la taille des bâtiments et des cours se réduit. Enfin, tout reste relatif, n'allez pas croire que l'empereur habitait dans un T2 avec son épouse, ses concubines et tous leurs enfants hein... Tout au nord se trouve un jardin très très très chargé, avec plein de cailloux bizarres ramenés de toute la Chine.

On peut, hormis quelques batiments fermés au passage, traverser toute la partie publique de la Cité Interdite en passant par son axe central Nord-Sud, et se prendre ainsi pour l'empereur, qui effectuait ce chemin tous les jours, sauf les w-e et RTT, pour aller donner audience et honorer la nation de son auguste présence. Ce faisant, on découvre ainsi qu'ils avaient bâti à mi-chemin un pavillon, qui doit faire au bas mot 250m², pour que l'empereur puisse se reposer de son épuisante traversée (qu'il ne faisait sans doute pas à pied...), ainsi qu'une sorte de dressing qui permettait à monsieur de se changer avant d'apparaitre devant la foule - dressing qui doit faire facile 10 fois la surface de mon appart, moi j'dis ça, j'dis rien...


Bon, on ne va pas cracher dans la soupe: pouvoir visiter un lieu aussi grandiose que la Cité Impériale, c'est quand même magique. Cependant, ce n'est pas forcément mon monument préféré à Pékin... un peu trop démesuré, un peu trop officiel, j'ai du mal ici à m'imaginer qu'il y avait une vraie vie - alors qu'au Palais d'été par exemple je peux totalement m'imaginer en concubine désoeuvrée, promenant au bord du lac en robes de soie et tuant le temps en jouant au mahjong, élevant des rossignols et complotant dans les couloirs du palais...

Me voilà de nouveau en w-e! eh oui, ici il est déjà 17h, fin de ma semaine.
Avant d'entamer mon dernier week-end à Pékin, je profite d'un petit moment d'oisiveté pour vous faire un article sur ma visite de dimanche dernier, DongYue Miao, le Temple du Pic de l'Est.

Le temple DongYue est un temple taoïste, croyance principale en Chine. Pour nous occidentaux je trouve que les religions-philosophies orientales sont assez complexes et conceptuelles à comprendre, aussi plutôt que de vous raconter d'énormes conneries comme si j'y connaissais quelquechose, je préfère humblement vous renvoyer vers la page Wiki pour plus d'infos sur le taoïsme. Mais pour simplifier à mort, vous voyez le Yin et le Yang, trouver la voie, l'harmonie cosmique, tout ça tout ça? Ben c'est ça, le Taoïsme.

Le temple DongYue a été construit aux environs de l'an 1300, et est dédié au dieu du mont TaiShan, d'où il tire son nom, et qui est la montagne la plus sacrée pour les taoïstes. C'est donc du vrai gros temple qui rigole pas, et il est super classé au patrimoine historique chinois.

L'entrée du temple, avec l'un de ses charmants gardiens

Malgré ce, c'est un véritable petit havre de paix, à fortiori dimanche entre midi et deux... Une impression de calme encore renforcée par le fait que le temple est situé en plein coeur de Chaoyang, coincé au milieu de centaines de buildings hyper modernes.

Le temple compte trois cours, et tout au milieu se trouve l'autel dédié au dieu du mont Taishan himself. Le taoïsme est une religion animiste, selon laquelle il est des dieux dans les rivières, les montagnes, les arbres ou les pierres. Ces dieux sont représentés sous la forme d'animaux fantastiques humanisés, mais comme dans les lieux de culte bouddhistes, il n'est pas possible dans les temples taoïstes de prendre de photos des divinités: vous ne verrez donc pas le dieu Dongyue, désolée.

Attachés un peu partout dans la cour du temple, des milliers et des milliers de porte-bonheur portant les voeux de leurs dépositaires...

Les arbres aussi étant sacrés pour les taoïstes, ils ont eux aussi droit à beaucoup d'attention: décorations, soutiens, réparation des parties abimées des troncs en mousse de polyuréthane... Une sorte de spa pour platanes, en quelque sorte.

Le temple est occupé par de vrais prêtres taoïstes. Comparativement aux moines shaolin, les prêtres taoïstes ne sautent pas partout torse poil en exhibant leurs pectoraux-abdominaux-biceps irréprochables, mais se promènent paisiblement en jouant de la flûte et en portant un très rigolo petit bonnet: impossible de les confondre. J'ai même une super vidéo d'un prêtre taoïste jouant de la flûte en arpentant les couloirs du temple, mais devinez quoi! Je ne peux toujours pas mettre de vidéos. Ne faites pas la gueule, je la mettrai à mon retour celle là aussi.

Bon, hormis les prêtres qui jouent du pipeau, la déco Asie éternelle et les arbres centenaires, la principale attraction du temple ce sont ses représentations des 76 départements du paradis taoïste.
Alors que je vous explique un peu le concept, car j'ai moi même mis un moment à comprendre ce que c'était tout ça.
Le taoïsme étant une religion animiste, il y a donc pléthore* de dieux qui se bousculent au portillon. Du coup, ben les taoïstes se sont dit qu'il n'y avait qu'à les classer, et pour faire simple sont partis du principe que le paradis, les enfers, et tout ce qui s'y trouve étaient organisés de la même manière que la cour de l'empereur de l'époque. Pourquoi se compliquer la vie, hein.
Le dieu DongYue, à qui est dédié ce temple, est censé reigner sur tout ça, ainsi que sur la terre, et administrer tout ce petit monde, à l'aide de ses fidèles fonctionnaires qui se répartissent dans les fameux 76 départements. Mingbai le ma? (c'est clair?)

Montons encore un degré dans l'étrange, et regardons un peu quelques un des départements taoïstes: des classiques tout d'abord: département du dieu de la porte (ma foi, pourquoi pas...), des dieux de la forêt, de la pluie ou de la terre; des sérieux aussi: département pour la préservation de la vie sauvage, pour la descendance, pour la moralité, l'avortement, la confiscation des biens injustement acquis ou pour le mérite; et enfin des totalement très barrés: département pour le contrôle des fantômes errants ou des esprits malins, pour l'implémentation de 15 sortes de morts violentes, pour l'envoi des calamités et épidémies, département pour la naissance des oeufs ou des insectes, département des poisons ou de la résurrection. WTF???

On nage en pleine 4ème (voire même 5ème) dimension hein? Et bien ce n'est pas encore fini! Parce que quoi de mieux que des images pour illustrer tout cela? Ben des statues pardi! Le temple abrite une galerie immense qui court tout autour de la cour principale, et qui présente des statues des fonctionnaires de chaque département. Bien entendu, les fonctionnaires sont à la hauteur de leur fonction... largement même parfois.

Alors, à ma gauche, les fantômes errants...

... et à ma droite, les monstres. nanana thriiiller, thriiiiiller niiight!! Mickael, si tu me lis...

ça rigole pas au département des chatiments, où des monstres tatoués avec d'évidents problèmes d'orthodontie s'occupent de vous faire payer vos délits

Les gentils employés des départements de l'incitation au travail et de la résurrection, dont les bureaux sont respectivement situés à Fukushima et Tchernobyl.

Bref, si vous visitez Pékin avec des enfants, ou que vous en avez juste marre des monuments barbants, le temple DongYue est vraiment ce qu'il vous faut pour éclairer votre journée!

*Céline, spéciale dédicace à toi si tu passes par là, c'est vrai que pléthore dans un blog ça marque trop bien!! ;)

Pékin, carrefour de DaWangLu, 20h soit en pleine heure de pointe ici. Non, vous ne rêvez pas, c'est bien une charette et son cheval que vous voyez au milieu des voitures!

Le soir, il n'est pas rare de croiser des charettes comme celle-ci en plein milieu de la circulation. Leurs propriétaires s'installent aux croisements, leur charette pleine de fruits, à la sortie du métro ou des bureaux pour vendre leur marchandise à bien meilleur prix que dans les supermarchés.

Celui-ci vendait des petites mandarines (ou une sorte de kumquats, je ne sais pas trop), et cherchait une place pour s'installer à mon croisement. Il est donc allé vérifier, l'un après l'autre, les quatres angles de rue autour du carrefour. Mais le coin étant très prisé...

... ils ont fini par repartir au beau milieu de la circulation, sans doute pour aller tenter leur chance un peu plus loin. Même si on finit par s'y faire, c'est tout de même une apparition qui reste toujours un peu irréelle...

Ce matin, je me suis aperçue que je n'avais encore fait AUCUN post mode ou tendance: mais la honte soit donc sur moi! Pour me faire pardonner, je suis partie ce soir en reportage photo exclusif rien que pour vous. 

Et pour une fois chers lecteurs masculins, ne fuyez pas à toutes jambes sous prétexte que c'est un post mode, car j'ai choisi de vous parler aujourd'hui très précisément de mode masculine.

Messieurs mes lecteurs, donc, une petite question: que faisez vous de votre portefeuille, chéquier, papiers, téléphone, clés, lunettes de soleil, paquet de clopes et autre petit bordel que nous mettons, nous les femmes, dans notre sac à main?
Je vous rassure, c'était juste une question réthorique, car j'ai déjà les réponses... Soit vous a) nous le refourguez, puis avez le culot de nous dire "mais kestu fous dans ton sac à main pour qu'il soit aussi lourd?" b) fourrez tout ça dans vos poches, entrainant ainsi de nombreuses excroissances inesthétiques et/ou la chute progressive de votre pantalon c) optez pour un bèse-en-ville (trop 60's), une  banane (trop routier) ou un sac à dos (trop lycéen attardé). Bref, disons le clairement: vous êtes dans la merde.

Les mecs chinois, eux, sont beaucoup plus malin: ici, tout "shuai ge" (bogosse) qui se respecte a son sac à main de garçon. Et non messieurs, cela n'a absolument rien à voir avec l'orientation sexuelle du jeune homme.
Une grosse majorité des mecs ont adopté le sac à main, peut-être 80%-90% des moins de 40 ans je dirais? On en trouve en cuir ou en tissu, noir, marron, gris ou en couleur, forme besace ou cabas, tendance classe ou sport, ils sont vendus dans les magasins de fringues ou le rayons sacs à main des Gal' Laf' locales, et les marques font de vraies collections, au même titre que les sacs de filles. Mais un sac à main de garçons ça ne ressemble pas du tout à un sac à main de filles, ça reste viril. Hen you yisi...

Petit montage de photos volées ce soir au détour des rues du quartier et dans le métro... pour agrandir l'image, suffit de cliquer dessus.

Lasse de faire mes photos en loucedé, et de peur d'être prise pour une grosse perverse qui photographie les fesses des hommes,
j'ai décidé de demander directement aux gars si je pouvais les prendre en photo,
en leur expliquant pourquoi. Ce n'est qu'après que j'ai réalisé que j'avais expliqué ça en chinois, et qu'ils avaient compris...

Je ne sais pas trop quel est l'avis de mes consoeurs sur le sujet, mais moi le sac de garçons, je suis plutôt totalement pour. D'abord parce que ça nous évitera de trainer VOS affaires dans NOS sacs (comme si y'avait déjà pas assez de trucs dedans...), ensuite parce que c'est une super idée cadeau quand on sait pas quoi vous acheter, enfin parce qu'une fois qu'on vous les aurait offerts, on pourrait bien vous les piquer!

Vu ce dimanche, l'exemple parfait de ce qu'il ne faut PAS faire... non, non, non, on ne pique pas un sac à sa copine, sinon on a juste l'air ridicule, pas du tout "shuai ge". Epic fail.

Pour ceux qui seraient intrigués, voire intéressés: y'a des promos sur Tmall

Petit retour sur mes visites touristiques du week-end... wé, je sais, je suis graaave à la bourre, mais qui dit week-end bien chargé dit récupération difficile (bah c'est qu'on n'a plus 20 ans ma brave dame!)

Donc samedi midi, après un semblant de nuit de sommeil samedi matin et un ptit dej' à la soupe aux jiaozi à 11h (version chinoise du McDo de fin de soirée), je me suis décidée pour TianTan, et surtout ses jardins: n'importe quoi mais du calme, du reposant et bien aéré, en fait.

Situé en plein coeur de Pékin, au sud de la Cité Interdite, et bâti au début du 15ème siècle, TianTan est au départ un ensemble de bâtiments qui servaient aux empereurs des dynasties Qing et Ming à célébrer le culte du Ciel, notamment par des sacrifices, entourés d'un parc immense qui couvre plus de 250km².
Si la Cité Interdite est sans nul doute le monument le plus connu de Pékin, le Temple du Ciel est surement le plus populaire auprès des Chinois, et d'après ce que j'ai cru comprendre, c'est le monument emblématique de la capitale. Classé en outre depuis 1998 au World Heritage de l'Unesco, c'est un des hauts lieux touristiques de la ville; il est d'ailleurs toujours envahi par des hordes de Chinois, plus quelques touristes étrangers bien sûr...
La dernière fois que j'y étais allée je n'avais justement pas trop apprécié car j'avais trouvé cela bien trop bondé. Mais samedi c'était tout à fait correct niveau fréquentation, et le temps était en plus magnifique (deux jours de pluie la semaine dernière, plus du vent depuis ont agréablement nettoyé le ciel... pourvu que ça dure même si ça caille!)

Le bâtiment le plus connu de TianTan est sûrement la Salle des Prières pour la Bonne Moisson. TianTan est un complexe religieux taoïste, une religion animiste, selon laquelle la divinité du Ciel décide directement de la qualité des moissons et des récoltes en général. La Chine de l'époque étant quasi exclusivement agricole, ses prières rendues au Ciel étaient donc particulièrement vitales pour la nation toute entière, et faisaient partie d'un rituel grandiose et complexe, qui ne tolérait aucune erreur ou oubli.

Avec un ciel si bleu et des nuages aussi beaux, le Temple du Ciel méritait vraiment son nom samedi!!

La Salle des Prières pour la Bonne Moisson est entièrement réalisée en bois, sans aucun clou. Ce n'est hélas pas le bâtiment d'origine, celui ci ayant brulé (comme beaucoup de choses à Pékin, en fait...).
 

Ok, y'avait un peu de monde. Mais venez prendre le métro ici pendant une semaine,
et vous apprendrez très vite à relativiser.

Le deuxième endroit le plus fameux de TianTan est l'Autel du Tertre Circulaire, où l'empereur et ses accolites procédaient aux sacrifices, et au centre duquel se trouve -selon la croyance taoïste- le Centre du Ciel, ou Suprême Yang. Perso je préfère l'appellation Suprême Yang, je trouve ça carrément plus cool.
Il vous faudra un grand courage et une immense témérité pour pouvoir poser le pied, comme le faisait l'empereur, sur le Suprême Yang, car il semblerait que ce soit l'endroit favori de tous les Chinois du monde entier...

J'avoue que je n'ai pas beaucoup de photos de cette partie-ci... trop de monde pour pouvoir apprécier.
Mais en la jouant hyper fine niveau cadrage je pourrais presque faire croire que j'étais toute seule...

L'une des particularités architecturales de TianTan est que l'ensemble du temple a été bâti selon des principes mathématiques et astronomiques précis. La Salle des Prières pour la Bonne Moisson est par exemple régie par les nombres 12, en rapport aux nombre de mois, et 24, en rapport aux périodes agricoles du calendrier lunaire chinois; tandis que l'Autel du Tertre Circulaire est lui régi par le nombre 9 (qui serait faste) ses multiples.
De plus, les architectes ont également intégré des propriétés accoustiques spécifiques aux constructions, comme un "Mur aux Echos", ou bien encore le Suprême Yang, qui aurait la propriété de démultiplier la portée de la voix de celui qui s'y trouve, tout ça pour être bien bien sûr que le Ciel entende vos prières.

Autre petite particularité architecturale, les tuiles et ornements en terre vernissée sont bleus, et non pas jaunes comme dans le reste des monuments impériaux de Pékin: le jaune était reservé à l'empereur, le Ciel avait lui droit au bleu (en même temps, hen you yisi)

En fait c'est censé être un dragon, symbole de l'empereur.
Mais je soupçonne que les dragons ne courant pas les rues,
le designer a juste fait un cheval, et lui a rajouté des moustaches.

Une fois la visite principale terminée (ce qui est assez rapide, en fait, surtout quand on est comme moi vite énervée par les autres touristes), reste la merveilleuse possibilité d'aller promener dans le parc de TianTan. Ce parc est un peu le QG des papis et mamies pékinois; ils viennent ici se retrouver entre amis pour jouer aux cartes ou au mahjong, faire du sport ou des danses de salon, ou bien encore jouer de la musique.

J'ai d'ailleurs pu assister à un super concert improvisé de musique traditionnelle chinoise: magnifique. Autant dès qu'ils se mettent à chanter ça fait vraiment saigner les oreilles, autant les parties instrumentales sont juste superbes. C'était en plus très intéressant et instructif de voir les différents instruments de musique traditionnels, et de pouvoir les écouter en live.
Et puis à un moment je me suis rendue compte que j'avais déjà pris en photo un des grand-pères joueurs de violon quand j'étais venue il y a deux ans... c'est bête, mais j'étais toute émue de le revoir.

Le "violon chinois", l'ensemble de "mandolines", et un instrument très étrange que les chinois classent dans la famille des flûtes.

J'ai fait quelques vidéos super sympas, hélas, impossible de les mettre en ligne ici... donc pour ceux que cela intéresse, ce sera fait à mon retour en France.

Ce petit interlude musical était d'autant plus sympa pour moi qu'en me promenant sans réel but dans le parc, j'ai fini par découvrir deux bâtiments que je n'avais jamais vu: d'une part le Service de la Musique Divine, et d'autre part le Palais de l'Abstinence.
Le Service de la Musique Divine était en charge d'organiser tout l'accompagnement musical des prières au Ciel, ce qui à priori n'était pas rien (en même temps, il fallait se faire entendre jusque là-haut...)
Le Palais de l'Abstinence quant à lui était la petite demeure toute simple (là encore, tout est relatif...) dans laquelle l'empereur venait se retirer 3 jours avant les sacrifices, et se purifiait en faisant abstinence de "viande, boisson, femmes, musique, et toute affaire d'état". 
Autant le Service de la Musique Divine est très intéressant pour la riche exposition sur les instruments et la musique chinoise traditionnelle qui y est présentée, mais les bâtiments en eux même n'ont pas trop d'intérêt; autant le Palais de l'Abstinence est au contraire intéressant pour sa version "simple et dépouillée" des bâtiments impériaux, ce qui donne au final quelquechose de très agréable à vivre. M'installerait bien là bas moi, en plus il parait que le propriétaire est parti depuis un moment...

C'est finalement la nuit et la fatigue qui m'ont délogée, je suis rapidement retournée vers la sortie en espérant qu'ils ne m'enferment pas par mégarde dans le parc (vu la surface, je doute qu'ils fassent un tour pour vérifier qu'il n'y ait plus personne avant de tout fermer... )

Une dernière photo, encore une fois prise au péril de ma vie, alors que je traversais
le parc à la nuit tombée au moment où les fauves et les vampires se réveillent.

Ce soir, un petit cours de chinois express. Ouiiii, je sais, la grande majorité d'entre vous n'a absolument aucune velleité d'apprentissage du chinois. Cependant, si vous deviez apprendre une seule phrase en chinois, c'est celle là: hen you yisi.
Je la connaissais déjà avant d'arriver, mais je n'avais pas pleinement mesuré le potentiel de cette sentence, ni le nombre de situations dans lesquelles les Chinois peuvent l'utiliser. De la folie.

Tout d'abord, apprenons à la prononcer correctement: "reun yo yisseuh."
Pourquoi ça s'écrit d'une manière et se prononce d'une autre? parce que l'écriture du chinois en caractères latins est juste une sorte de convention internationale, basta et qu'entre l'écrit et la réalité, il y généralement une énooorme différence.

Venons-en à la signification de cette phrase...
"Yisi" en chinois veut justement dire sens, idée, signification. "You yisi", cela a du sens, y'a de l'idée. "hen you yisi", c'est une version un peu emphatique: cela a vraiment du sens, beaucoup de sens. Et par extension: "wahou, mais c'est très intéressant dis donc".

Quand peut-on utiliser cette phrase?
Alors là, je suis catégorique: tout le temps. C'est un peu la phrase qui peut te sauver de toutes les situations.
Les Chinois s'en servent à toutes les sauces, pour décrire absolument tout et n'importe quoi: ils l'utilisent quand ils ne savent pas vraiment quoi dire, ou comment expliquer un truc, qu'ils ont la flemme ou ne préfèrent pas développer.
Quelques exemples (non exhaustifs) d'utilisation:

Situation #1: tu n'as rien écouté à ce que ton prof/chef/camarade te raconte depuis une demi-heure, et d'un coup il décide de te poser une question:
"hmm, hen you yisi": hmm, un problème aussi riche et complexe demande réflexion
Situation #2: une de tes relations te montre sa toute dernière Mercedes, customisée avec peinture orange matte pour qu'on la voit de plus loin:
"aaah, hen you yisi": ahaa, oui, ok, je vois, c'est conceptuel en fait
Situation #3: tu essayes désespérément d'expliquer à ton cher et tendre que certes, il y a déjà 56 paires de chaussures dans ton placard, mais que celles là, c'est différent:
"aaah, hen you yisi!": euh, non mais, sérieux, t'es retardé ou tu le fais exprés, là? Il me les fallait ces pompes, c'est tout. Que tu puisses pas comprendre, ok, mais fais semblant au moins!
Situation #4: tu te fais engueuler par un employé du métro/flic/gardien/quiconque ayant à priori une certaine autorité:
"ooh, hen you yisi": écoute, chouchou, tu peux toujours gueuler, je capte pas un traitre mot de ce que tu me dis. Alors comme le camp de travaux forcés me dit trop rien, dans le doute, je vais faire profil bas, mais bon sang, si tu savais comment je m'en tape, t'imagine même pas...
Situation #5: on te demande ton avis sur un livre/film/endroit dont tu n'as jamais entendu parler alors que manifestement, c'est incontournable, et qu'avouer que tu ne sais même pas de quoi il s'agit te ferait passer pour une grosse has been inculte:
"naaa... hen you yisi": cela me laisse sans voix. Non, vraiment, je n'ai pas de mot pour décrire mon ressenti.
Situation #6: dans un bar, un mec charmant te monologue depuis une demie-heure sans que tu n'aies absolument rien entravé; mais comme il est propre sur lui, te paye à boire, et que tu es une chic fille, tu te dis que ce serait poli de répondre au moins à ses questions:
"hen you yisi... hen you yisi...": ahlala, je bois tes paroles. J'ai tout bu mon mojito aussi, je peux en avoir un autre?

Le secret réside dans la manière d'énoncer la phrase: d'un air inspiré et pensif, le regard vague, au delà de l'instant présent et des considérations matérielles. Une fois la technique maitrisée, il est quasiment possible de parer à toutes les situations embarassantes, complexes, ennuyeuses ou interminables avec cette simple phrase. Hen you yisi, n'est ce pas?

Hier soir, j'ai assisté à un super spectacle type "comédie musicale kung-fu". Ok, j'avoue que dit comme ça, ça peut paraître tout pourri, et quand on est arrivés et que l'on a vu principalement des spectateurs étrangers, on était un peu inquiets... mais en fait pas du tout, c'était vraiment super. Une scénographie au millimètre, de beaux décors très ingénieux, des costumes soignés... et des kung-futeurs géniaux, quand même. Après je ne sais pas, peut-être quelqu'un qui pratique vraiment les arts-martiaux trouverait ça bof-bof ou même mauvais, mais pour un public "lambda" je trouve que c'est vraiment réussi. Et les moines Shaolin sont quand même super bien gaulés, y'a pas à dire.
Nous devions récupérer les billets à 19H00 devant le théatre, mais cela ne nous a pas empeché d'aller nous caler au resto à même pas 18h... la coutûme chinoise c'est un peu de filer au premier bouiboui du coin et de manger dès que tu as 5mn de libre, coutûme qui est loin d'être la plus difficile à adopter.

Petit repas en terrasse, qui sert aussi de parking à mobylettes...

... avec mes nouvelles cop's Tary, brésilienne (et hôtesse de l'air!), Allie, anglaise, et Tatiana, belge. Notez combien le terme "street food" est ici totalement approprié, car oui, nous sommes littéralement installées à moitié sur la route.

Hmm, good food! Gong bao ji ding, poulet épicé aux cacahuètes. Et deux plats de légumes, où tout le rouge, c'est du piment. Et le vert aussi, en fait.

Le grand moment de solitude de la soirée... on voit le plat arriver, on se dit toutes en même temps "tiens, ils mettent des serviettes directement dans le plat, c'est original". Arrive un moment en Chine où plus rien ne te choque. Mais là on s'aperçoit qu'en fait ce sont des sortes de lasagnes fraîches pas cuites. "tiens, ça doit être pour mettre la viande à l'intérieur, comme un taco". Vu comment c'était dégueu, je pense que c'était pas ça non plus finalement.

Le "théatre rouge", carrément beau et original (et rouge, en vrai)

Attention les enfants, ne laissez pas vos amis vous casser des briques sur la tête, et ne portez pas non plus des toges en mousseline à paillettes, dans la vraie vie les deux pouvant s'avérer très dangereux.

Je suis le grand sage. Et ça en bas, ce sont des moines Shaolin. Et ça, là haut, c'est la lune. Et le truc sur lequel on est en train de flotter, c'est... un truc qui flotte. Et maintenant tu pries, et t'arrêtes de poser des questions idiotes ok?

Le saut de haies, version chinoise. Notez comment tous ses petits copains n'ont strictement rien à foutre de ce qui peut arriver à Flying man qui se la pète un max, et préfèrent rentrer chez eux regarder Plus Belle la Vie.